mardi 29 juin 2010

Ariel Pink's Haunted Graffiti - Before Today (2010)


Tracklist :

1. Hot Body Rub
2. Bright Lit Blue Skies
3. L'Estat
4. Fright Night (Nevermore)
5. Round and Round
6. Beverly Kills
7. Butt-House Blondies
8. Little Wig
9. Can't Hear My Eyes
10. Reminiscences
11. Menopause Man
12. Revolution

Date de sortie : 7 juin 2010

Si vous ne connaissez pas Ariel Pink, il est temps de rattraper ce retard. Cet éternel adolescent de 32 ans est né à Los Angeles, ville à la fois sublime et crasseuse. Il incarne parfaitement cette schizophrénie californienne, une moustache et des cheveux blonds foncés, c’est un peu le hipster  incompris aux cheveux sales de tout lycée américain. Le type qui gratouille quelques accords dans sa chambre ou qui a la tête plongée perpétuellement dans les cagettes de petits disquaires indépendants. Empilant les effets synthétiques sur des radiocassettes défraichies à la manière d’un Rubik’s Cube, Ariel Pink compte environ 500 morceaux à son actif depuis 1996. Véritable DIY, il est considéré comme le pape de la lo-fi, le parrain de la chillwave. L’homme visionnaire qui a remis le rétro-kitch au goût du jour –on se souvient de Politely Declined-, pour le meilleur et pour le pire…

Tout ce que touche Ariel est bosselé, imparfait, des productions inquiétantes qui s’évaluent à quelques centaines de dollars dont le charme réside donc essentiellement dans cette qualité sonore crade qui fait bavé les critiques musicaux depuis un peu plus d’un an et demi.
Après des débuts sous l’aile de Paw Tracks -le label d’Animal Collective-,  Pink entreprend des tournées solo, le public ne reconnait pas ses hymnes et hue chaque concert, c’est un désastre. En perpétuelle expérimentation, ses sons n’étaient visiblement pas taillés pour le show. Il décide alors de s’entourer de Kenny Gilmore -clavier, guitariste, chœurs-, de Aaron Sperske -batteur- et du guitariste Cole M. Greif-Neill pour assurer un spectacle de qualité. Les quatres compères prennent ainsi le nom d’Ariel Pink’s Haunted Graffiti.

On aurait pu penser que c’était le début de la fin quand Ariel avait pris la décision de choisir un studio de qualité, il n’en est rien. Adieu K7 jaunies et lo-fi, bonjour vinyles scintillants et hi-fi, on oublie les éraflures soniques et on passe un peu de gaze alcoolisée pour nettoyer ces plaies synthétiques.
Before Today se présente comme une palette éclectique déconcertante. Un véritable cocktail (d)étonnant totalement inclassable : pop psychédélique, freak folk, noise pop, rock 70’s.

Hot Body Rub 
Une intro –Hot Body Rub- nappée de saxo/trompettes rappelant les soirées buffs jazzy chaudes de Harlem jusqu’au moment où une voix sortie tout droit des 80’s sonnant à la Stiv Bators nous rappelle à l’ordre indiquant que les hostilités peuvent commencer. Un mix étrange de toutes les racines post-punk 80’s –Fright Night-, de guitares bien crades –Butt-House Blondies- et des mélodies les plus mielleuses et poppy des quarante dernières années –L’estat, Beverly Kills- qui s’établit avec une facilité stupéfiante.

Round and Round 
Round and Round se présente comme LE son de l’album, mais aussi, plus inattendu pour moi, LE son de l'année 2010. Outre les reflets mélancoliques, il s’agît plus d’une véritable histoire avec différents chapitres. Ça débute sur un chœur digne de Costa Croisière mêlé à un gingle disco suivi immédiatement d’un tempo lent qui rappelle les Doors. Un effroi noyé dans les limbes qui dévoile l’ombre d’un personnage, une sorte de mise à nue « Je ne suis pas si beau/parfait/drôle que j’en ai l’air.. »
“I’m afraid, you’re afraid… turn me inside out.”
Ecrasé à 1:46 par la sonnerie d’un téléphone, un chœur se lève « HOLD ON, I’M CALLING, CALLING BACK TO THE BALL ». Tout est là, une impressionnante profondeur, un équilibre parfait.

En gros cet album est une bonne surprise, mais prenez garde, les risques d'overdose sont sérieux. Une montagne de choeurs hauts perchés, de refrains trop enjoués pour être vrais, un empilement d'effets migraineux à la longue. Une gigantesque mosaïque de mauvais goût engluée de guimauve, du kitsch et encore du kitsch mais c'est tellement bon. Ressortez vos sneakers, vos bandeaux fluos, votre tee shirt de la fête foraine de 1993 et prenez la route. Une sorte de love pill sans descente, mais consommée trop régulièrement on se désinhibe et jusqu'à nouvel ordre, Ariel Pink's Haunted Graffiti ne pond  d'album qu'une seule fois par an.

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