lundi 7 mars 2011

Radiohead - The King Of Limbs (2011)



Date de sortie : 18 février '11
Label : Autoproduit

Le buzz avait éclaté le lundi 14 février dernier : Radiohead remet le couvert avec un huitième album. Quatre jours plus tard, The King Of Limbs est dévoilé aux yeux de tous, professionnels et auditeurs, mettant tout le monde sur un pied d'égalité. La blogosphère est en branle, chacun se précipite pour écrire sa chronique dans les heures qui suivent pour toucher sa part de référencement Google. Par respect pour l'oeuvre et le groupe, on a préféré prendre notre temps et s'enivrer inlassablement des multiples strates de ce monolithe avant d'y associer quelques mots.

Tout commence par un océan synthétique sombre et agité. Bloom libère de petites pulsations electroniques avec un côté tribal qui acclimate les oreilles sensibles aux acouphènes vers les sentiers prédestinés que vont prendre le disque. Une ambiance qui fait penser aux expérimentations passées, entre Amnesiac et Hail To The Thief. La passion grandissante de Thom Yorke pour la scène électronique berlinoise et notamment Apparat avec son projet solo The Eraser répend plus que jamais ses essences. Le groupe suit cette même trajectoire très sombre durant toute la première partie du disque. Des textures abrasives et froides, de véritables abysses angoissants et aliénants menés du bout des lèvres par la voix atone et spectrale de Yorke. Un réceptacle de folie à l'image du clip de Lotus Flower paru il y a quelques semaines qui mettait en scène le chanteur complètement désarticulé et épileptique. Le côté expérimental est tranché par Codex, première "vraie" chanson et véritable chef d'oeuvre gracîle et profondément émouvant qui rappelle Pyramid Song et Videotape. L'arrivée des cuivres insuffle un peu de vie dans cet univers morne et profondément solitaire. L'image du radeau bravant la tempête s'estompe peu à peu pour laisser place aux rivages sur Give Up The Ghost. La mélodie reprend le dessus et on revient vers quelque chose de plus classique pour le groupe avec son lot de choeurs et sa guitare effleurée. Separator, ultime morceau, clot les rêveries en douceur, laissant planer le doute d'une possible suite - "If you think this is over then you're wrong".

« Aussitôt, qu’on nous montre quelque chose d’ancien dans une innovation, nous sommes apaisés » disait Nietzche. Le problème de ce King of Limbs c'est qu'il s'apparente plus à un recyclage de vieux démons qu'à une véritable innovation. Scindé en deux avec d'une part une atmosphère analogique largement étayée par ses beats hypnotiques et ses échos fantomatiques rappelant les productions 00's du groupe, d'autre part, des morceaux mélodiques qui rappellent In Rainbows. Certes, ce huitième opus reste un disque très profond, flottant et fuyant qui se laisse apprivoiser au fur et à mesure mais on ne peut s'empêcher de rester sur notre faim. Radiohead entrevoyait déjà son futur en 1997 : No Surprises.


Paul BOUSQUET

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