mardi 23 août 2011

Bon Iver - Bon Iver (2011)




Date de sortie : 17 juin '11
Label : 4AD

Bon Iver est une femme. Celle qui, catapultée accidentellement au creux de la lumière, a une robe un peu trop longue et masque sa timidité romantique derrière une coupe de champagne lors d'un vernissage. Son visage d'enfant gracile aux joues rosées et à la frange taillée fébrilement aux ciseaux transperce vos songes et ne vous quitte plus. Vous admirez les tableaux pour montrer que vous n'êtes pas là uniquement pour vous enfiler le foie gras mais vous ne pensez plus rien, vous la chercher du regard tout au long de la soirée. Il y a les femmes et puis il y a La Femme comme il y a les disques et puis Le Disque. Bon Iver s'inscrit dans cette dernière catégorie, le tsunami métamorphosant les flots d'albums que l'on gobe toute l'année en vaguelettes ternes.

Justin Vernon aka Bon Iver sortait son premier disque en 2008, For Emma, Forever Ago, un césame intimiste composé sur la peau d'ours d'une cabane forestière du Wisconsin à la suite d'une rupture douloureuse et particulièrement inspirante. Fort d'un succès critique incontestable, Bon Iver s'est avéré être un artiste bankable - 600 000 albums vendus à ce jour, perforant les coeurs de centaines de milliers d'occidentaux. Après deux ans de tournée, un EP autotuné - Blood Bank, et de nombreuses collaborations - Kanye West, Volcano Choir ou encore The National, Vernon entreprend la périlleuse épreuve du second album en sortant son très sobrement intitulé Bon Iver.

Fini le testament amoureux et le combo guitare/voix, Vernon livre un album dense intrumentalement en s'entourant, en plus de ses musiciens habituels, de Greg Leisz des Joni Mitchell et de Colin Stetson, le saxophoniste d'Arcade Fire , rien que ça. Ainsi les sonorités de Bon Iver évoquent une certaine renaissance psychologique loin de sa feu désolation cardiaque, narrant ses comtines rédemptrices des quatre coins du globe. Tout comme Sufjan Stevens il y a quelques mois, Vernon a lui aussi pas mal empilé les arrangements electroniques. Sans pour autant créer quelque chose de lourd et d'indigeste, les mélodies restent finement ciselées et les envolées lyriques toujours aériennes, on gagne simplement en profondeur tout en s'éloignant des sentiers sur-battus de la folk de Neil Young.

En définitive, ce nouveau Bon Iver est un véritable bijou. Prenant le risque de froisser son auditoire en empruntant le chemin des studios high-tech, Vernon livre cette fois-ci un disque empreint de vie, une vie enivrante de beauté qu'on ne se gargarisera plus d'écouter dans la pénombre, en Iver comme en été. Ce type a tout compris.

Paul Bousquet

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