jeudi 26 janvier 2012

Duellum - For Some Reasons I Want To Talk (2011)


Date de sortie : Décembre ’11
Label : Ouich Eaters

2007, Jonathan et Arthur se rencontrent sur les bancs de Science-Po Paris, de fil en aiguille ils rencontrent Fred et Hugo et décident de monter Duellum. Un patronyme érigé en ode à Baudelaire et ses Fleurs du Mal, de très bon ton dans une époque où les BB Brunes crapotaient leurs Marlboro en lisant Oscar Wilde. Cette même époque où The Kooples vendait encore des fringues hors-soldes, tu t’en souviens peut-être, lecteur. Du coup, sous l’influence du mouvement et de leur jeune âge, les Duellum gratouillaient quelques accords dans leurs sous-sols en chantant en français. La mèche luisante, les petits jeunes s’expatrient à Londres dés leur majorité et murissent en écumant les scènes débridées d’Outre-Manche tout en étoffant leur bibliothèque musicale avec les pionniers du minimalisme, Steve Reich et Philip Glass. Puis Phoenix sort son Wolfgang Amadeus et Foals son Antidotes aux maux fleuris des Duellum : le français. Désormais bilingues, ils continuent Science-Po et achètent une cafetière afin de pondre la maquette d’Elliptical Premises / McBeth, titre qui se retrouvera sur les ondes de la BBC.
De retour à Paris, les Duellum sont approchés par les petits génies audiovisuels du tout jeune collectif Ouich’Eaters : de jeunes trentenaires lassés des contraintes de l’industrie artistique qui laissent éclater leur créativité pour leurs nouveaux protégés. Ils réalisent le premier clip du quatuor et sortent leur premier EP : For Some Reasons I Want To Talk.
On a tous des raisons de parler mais encore faut-il posséder l’art et la manière. Et les Duellum les possèdent tout deux, ils ont la verve intelligente et intelligible. Intelligente dans la mesure où, grâces à leurs multiples influences souterraines, les quatre garçons composent aussi bien de l’electro dans l’optique de Vitalic que du rock dans la veine de Foals. Toujours très rigoureux, mathématique et quasi-géométrique. L’effet science-po ? Probablement, tout est réglé au millimètre, les salves de guitare n’enfument jamais la voix ou les rafles synthétiques, la production est parfaite. On aurait pus craindre que cette aseptisation quasi-maniaque d’un rock qui se veut crasseux par nature crée leur perte mais il n’en est rien, c’est là qu’il est intelligible. Le corps bouge aussi bien sur les montées soniques que sur les assauts de batterie, laissant libre champs à une basse qui crée la profondeur.

En résumé, For Some Reasons I Want To Talk et ses six titres ne semblent pas assez pour contenir la créativité érudite de ces Duellum décidément très bavards. Véritables touches-à-tout, ils résolvent les équations de chaque genre musical puis redessinnent les courbes tranchantes d’une architecture harmonique et harmonieuse. Un EP sans cloisons donc, auquel on ne peut pas vraiment coller d’étiquette, il était grand temps que les Duellum s’expriment.

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