jeudi 26 janvier 2012

Washed Out - Within & Without


Cette chronique est à retrouver dans le numéro 10 de Crumb Magazine.

Label : Domino
Date de Sortie : Juillet ’11

Quand Konbini demande à Ernest Greene aka. Washed Out comment se définirait-il à travers les termes de «chillwave, glo-fi, hypnagogic pop, electro-funk», il répond simplement que tout ces termes l’ont probablement défini il fut un temps mais que ce n’est plus le cas désormais. Tourner le dos à la «Chillwave», ce n’est pas nouveau. Toro Y Moi avait effectué la même manoeuvre il y a quelques mois, s’engonçant même de ce «terme un peu idiot» qui lui a pourtant fait connaitre le succès - voir interview Crumb #7. Pourquoi ces revirements ? Tout simplement car la chillwave est une musique qui se crée avec des bouts de ficelles (ndlr : Washed Out avait composé ses deux premiers EP sur l’ordinateur familial..), certains pensent que ces artistes sont peu crédibles et surtout que leur mouvement est éphémère. Du coup, les insiders font tout pour décoller la fâcheuse étiquette, transformant les revenus de leurs premiers EPs en matériel flambant neuf pour commencer la chirurgie réparatrice de leurs morceaux émiettés. Faire peau neuve quand on est un précurseur de la chillwave ? Pas si facile.

Washed Out sort son véritable premier album, Within & Without, et se fait produire par Ben Allen (Animal Collective, M.I.A., Deerhunter, Gnarls Barkley...). Les morceaux sont lustrés et épurés; Ernest Greene va au bout de ses idées en insérant une multitudes de micro-effets voguants de l’oreille gauche à la droite comme sur Echoes par exemple : de petits galets frottés massant les tympans langoureusement. On est relativement proche de titres comme Feel It All Around que l’on a gobé tout l’été dernier, c’est juste moins crade. Synthétiseurs, voix lointaines, tempo lancinant, violons parfois, Within & Without est un véritable disque cocooning comme sa pochette l’indique, un album un peu mou et mélancolique taillé pour les insomnies ou les grasses mat’ avec la particularité de ne pas se fondre dans le décor et de garder vos yeux pochés relativement vifs devant votre verre de jus d’orange.

Avec la volonté certaine de faire grandir sa musique et de se dédouaner d’un courant qui s’est autodétruit avec le temps, Washed Out fait évoluer la forme de son oeuvre en éliminant les impuretés de ses anciennes productions pour ne garder que l’essentiel, le fond, l’émotion. Ainsi, sa musique de blogosphère a mué pour rejoindre le club très privé des grands disques pop. Premier véritable artiste chillwave à sortir son épingle du jeu, Ernest Greene n’a pas fini de faire parler de lui.

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