lundi 16 juillet 2012

Tristesse Contemporaine - Tristesse Contemporaine (2012)

Cet article est à retrouver dans le numéro 14 de Crumb Magazine.
Label : Dirty / Pschent Music 
Date de sortie : 25 Mars 2012

D’apparence cosmopolites, nos métropoles sont rapidement devenues tentaculaires. Erigeant les fantômes et le sang versé en statues, portant les cicatrices des époques, nos villes contemporaines reflètent le poids des combats. Les combats triomphants de nos idéaux démocratiques sur la sauvagerie, le poids des âmes écorchées. Cet héritage culturel que l’on balaie, par habitude, d’un revers de main chaque matin en se rendant au bureau prend une toute autre ampleur avec des yeux étrangers. Ce n’est qu’à l’étranger que l’on prend le temps de s’enivrer de l’histoire pour essayer de capter l’ambiance, la culture, les mimiques, ce n’est qu’à l’étranger que l’on mesure le poids du passé. 

Malgré son patronyme français, Tristesse Contemporaine est un groupe d’exilés venus poser leurs valises à Paris. Narumi est japonaise, Léo est suédois et Maik est anglais et accessoirement, le chanteur d’Earthling. Assommés par le poids de l’histoire et assoiffés de comprendre l’époque dans laquelle ils vivent, Tristesse contemporaine érige un constat froid et métronomique tout en négation à la manière de The XX en 2009. C’est sensiblement la même ambiance nocturne qui se dégage de cet album. Une voix trip-hop feutrée et fatiguée, des choeurs cotonneux, une ligne de basse omniprésente, des références communes - Joy Division, The Cure, mais aussi une pointe de modernité grâce à la production léchée de Pilooski qui trace le sentier de nos oreilles via une mise en relief des basses, permettant de se retrouver dans ces sonorités brumeuses et entêtantes. 

Tristesse Contemporaine érige le constat vaporeux et hypnotique d’une génération nombriliste qui se perd dans les dédales de ses pensées nocturnes, une génération de fourmis grandiloquentes et déracinées qui se réveillent tous les matins avec la gueule de bois. Un univers que les milieux branchés, adeptes des énergies froides, se sont empressés d’incorporer notamment avec «I Didn’t Know» qui rythma le dernier défilé Chanel. Un excellent disque en somme, parsemé de volutes d’opium, lorgnant plus du côté narcotique que mélancolique. Foncez.

Paul Bousquet

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